« Si la Fête n’existait plus, Parisot et Sarkozy dormiraient tranquilles… »

Publié le par jack palmer

Pour les responsables de gauche qui y ont participé, la Fête de l’Humanité reste l’événement incontournable de la rentrée.

« Ah, si la Fête n’existait plus, Laurence Parisot et Nicolas Sarkozy pourraient vaquer tranquillement à leurs sinistres affaires ! » Marie-George Buffet a commencé ainsi son meeting, dimanche, à la Fête de l’Humanité. Manière d’enfoncer le clou sur le succès de cette « Fête de l’Humanité populaire et festive, combative et inventive, qui donne du courage et de l’espoir » : « À ceux qui rêvent d’un peuple endormi, de cette fête nous envoyons un message clair : nous sommes mobilisés pour vivre libre, vivre bien. »

Un message repris par les nombreux responsables politiques de gauche qui s’y sont pressés. C’est le cas de François Hollande, premier secrétaire du PS, qui parle d’« un rassemblement unique, comme aucune autre force politique n’en organise en France. Cette fête reste évidemment un événement pour la gauche et le Parti communiste. C’est l’occasion pour de nombreux citoyens de découvrir la politique, les idées de la gauche. Pour cette fonction d’éducation populaire aussi, la Fête de l’Humanité est un événement irremplaçable ».

Au stand de la LCR, après la tentative de ravir la vedette qui a tendu les rapports avec les militants de la Fête, on cherchait à calmer le jeu : « Surtout rectifiez bien dans l’Humanité que nous ne sommes pour rien dans cette campagne des médias sur notre présence à la Fête », dit Alain Krivine. Olivier Besancenot se déclare « heureux d’être là » et ne se « plaint de rien » : pour lui, « la Fête doit être un point d’appui pour des initiatives unitaires très concrètes contre la politique de la droite et du patronat, contre les licenciements ».

Un chaud et froid qui amuse Jean-Luc Mélenchon, animateur de Pour la République sociale (PRS) : « La Fête est celle de la gauche de terrain, on y entend en direct la perplexité sur une gauche en mal de perspectives, les directions politiques se font secouer pour qu’elles réagissent. Il y a alors ceux qui espéreraient l’utiliser comme un tremplin pour accélérer les crispations, à ceux qui veulent bénéficier de son apport pour être à l’écoute et tenter de mettre à plat les problèmes et les divergences. Avec PRS, nous sommes là pour approfondir nos échanges avec les communistes, sur un mode de partage et non d’agressivité entre nous. »

Pour Martine Billard, députée des Verts, il est positif qu’un tel lieu existe pour engager la confrontation à gauche. « Cette Fête a beaucoup changé depuis trente ans, où l’on n’y parlait que du PC : aujourd’hui on y parle de l’avenir de la gauche tout entière, c’est devenu la fête de la jeunesse et du débat militant. »

Jeune adjoint (PS) à la jeunesse à Paris, Bruno Julliard y vient « tous les ans avec un grand plaisir ». « Cette année, j’ai deux attentes principales : que les partis de gauche arrivent à se parler, pour présenter une opposition cohérente face à Nicolas Sarkozy. Et que cette fête conteste sur le fond l’hégémonie idéologique de la droite », déclare l’ancien président de l’UNEF durant la lutte anti-CPE.

Militante antilibérale, Clémentine Autain a aussi l’habitude d’arpenter les allées de La Courneuve : « Les militants ont des interrogations cruciales à y exprimer, pour chercher des solutions au désarroi qui s’est installé avec l’accélération de la dérive à droite du PS. Entre cette dérive et le nouveau parti anticapitaliste proposé par la LCR, qui occupe l’espace politique à gauche, beaucoup de militants ne s’y retrouvent pas et sont comme pris entre deux feux. Il faut chercher des réponses qui permettent de construire une force politique large qui réponde à leurs attentes, et aller au bout de la recomposition inévitable de la gauche », estime-t-elle.

Éric Coquerel, responsable du MARS, estime quant à lui que « la Fête est un grand moment pour montrer que la capacité de résistance existe. Mais elle doit aussi permettre de montrer ce qu’on propose en face, les débats expriment le besoin des militants de la gauche antilibérale de ne pas rester chacun dans son coin mais de réfléchir ensemble à changer la donne ».

Quant à Arlette Laguiller, elle n’a pas les soucis de médiatisation d’Olivier Besancenot, et peut se balader tranquille sans se faire mettre en boîte par les militants. « Moi, je me sens bien au milieu de gens qui partagent le mot communiste, je me sens très à l’aise, comme avec des camarades », tient à faire savoir la porte-parole de Lutte ouvrière. Un pied de nez évident à son camarade trotskiste.

Propos recueillis par Sébastien Crépel

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Publié dans Société Politique

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