Le PCF appelle à l’action sur les salaires
Gauche; alors que les ténors du PS sont englués dans les luttes d’appareil, les communistes invitent à la riposte sur le pouvoir d’achat, lors d’une marche nationale, le 26 septembre.
Le Vieux-Boucau (Landes),
envoyé spécial.
« Il faut que le mot salaire retentisse dans le pays. » Marie-George Buffet a donné le ton, ce week-end, de la riposte à la politique de Nicolas Sarkozy, à l’université d’été du PCF. La responsable communiste vise la question du pouvoir d’achat en notant que la hausse des salaires est une question taboue pour le pouvoir et le patronat. Elle a fixé deux rendez-vous pour l’action : la Fête de l’Humanité et une « manifestation pour la hausse des salaires, pensions et allocations », le 26 septembre, du MEDEF vers l’Élysée. « Nous ne faisons pas de discours sur la lutte, nous l’organisons », a-t-elle précisé. La secrétaire nationale du PCF a également annoncé des initiatives en lien avec la situation en Afghanistan et dans le Caucase. « Le monde redevient une poudrière, estime-t-elle. Il faut reprendre le combat pour la paix et le désarmement. ».
Tenues décontractées, ambiance studieuse, plongeons dans les rouleaux de l’Atlantique, soirées agitées et dansantes… Le public, plutôt jeune d’allure et d’âge, a suivi avec une assiduité méritoire sous une chaleur de plomb, les 35 ateliers, forums et plénières de l’université d’été du PCF.
400 participants et de nombreux invités, avec, au programme, le capitalisme, la lutte des classes d’aujourd’hui. On passe la bourgeoisie et la droite sous le microscope de la sociologie, on travaille les représentations dominantes et ses récits au scalpel, on regarde le monde tel qu’il est devenu, la révolution numérique, l’Europe, la Chine, l’Amérique latine et les États-Unis sans trop se raconter d’histoires. On réfléchit alternative, le rassemblement et l’union, le souhaitable et le possible, des services publics à la lutte contre la crise écologique, de l’art à l’école, de la politique de la ville au commerce équitable et à l’économie solidaire. On passe enfin au crible l’activité militante, quartiers populaires et entreprises, le communisme du local au global. On regarde les choses en face et on scrute le regard sans complaisance de la société sur le communisme et le PCF, enquête d’opinion à l’appui. Bref, une vraie université politique et populaire, « sans effet de tribune ni compétition d’écuries », fait remarquer la directrice de l’université, Marie-Pierre Vieu, en référence à une autre université d’été quelques centaines de kilomètres plus au nord.
« On peut changer sans se perdre et se dénaturer » : Marie-George Buffet devant la presse prend à son compte une réflexion qu’Édouard Glissant vient de livrer devant les militants communistes. La secrétaire nationale fixe l’ambition du congrès de décembre : « Devenir un grand Parti communiste ouvert, rassembleur, porteur d’un projet moderne et audacieux marqué par les questions de la démocratie et du développement durable. » Pour la secrétaire nationale, ça passe par « un gros travail de réflexion ». « Certains parlent de métamorphoser le parti, d’autres de le transformer, je ne sais pas quel mot il faut choisir : tout est bon du moment que ça bouge, pour un parti bien ancré dans le monde d’aujourd’hui. »
Moment de réflexion dans la préparation du congrès de décembre, l’université d’été du PCF s’est tenue dans un climat serein. Mais les moments de vérité, ceux des choix politiques, approchent. Dès la fin de la semaine, le 5 septembre, le Conseil national va décider du texte soumis à la discussion des communistes. On vérifiera alors si la sérénité et la cohésion affichées sur la plage landaise résisteront au choc des « sensibilités » au sein de la direction communiste.
Olivier Mayer