«Pizza Honte»

Publié le par jack palmer


(B.Delattre , libre belgique)

Un surnom
«Pizza Honte». C’est le surnom assassin qui court les rues en ce moment à Paris, à propos de «Pizza Hut» : la chaîne de magasins spécialisés dans le vente à emporter mais qui, toujours selon ces quolibets, désormais «livre la précarité à domicile» plutôt que les pizzas.

Explication. Depuis janvier, un des magasins parisiens de cette chaîne, situé dans le quartier de l’Opéra, est en grève et son activité paralysée. Les grévistes, la plupart étudiants travaillant à temps partiel, réclament le paiement des jours pendant lesquels ils ont exercé leur droit de retrait, après avoir été victimes d’un braquage à main armée dû selon eux à l’insuffisance du dispositif de sécurité du magasin. A Paris, la chaîne de pizzas est habituée aux conflits sociaux. Ces dernières années, plusieurs de ses magasins ont été inaccessibles à la clientèle et leurs livraisons interrompues suite à des occupations par des grévistes. Ceux-ci réclamaient par exemple des systèmes de climatisation efficaces (pour des cuisines où les fours à pizzas font parfois monter la température «jusqu’à 35 degrés»), des «tenues adaptées aux conditions climatiques» (pour les livreurs en scooters), une majoration des salaires horaires après 21 heures (pour les nombreux employés travaillant tard le soir) ou le remboursement de leurs frais de taxi pour rentrer chez eux la nuit (quand bus et métros ne circulent plus). Autant de revendications qui, au regard du droit du travail, ne paraissent pas à première vue exorbitantes mais qui, chez «Pizza Hut», ne vont semble-t-il pas de soi.

Tiens, au passage, on a toujours été mal à l’aise devant ces pauvres livreurs de pizzas qui à Paris, mais dans d’autres villes de France probablement aussi voire en Belgique également, sont forcés de conduire des scooters affublés d’un panneau invitant les passants et les automobilistes à les dénoncer par téléphone à leur magasin s’ils les surprennent en flagrant délit de conduite irresponsable, dangereuse et/ou violant le code de la route.

Mal à l’aise pour trois raisons au moins. D’abord, tout ce qui est délation ne sent jamais bon. Ensuite, en vertu de quoi les livreurs de pizzas, en majorité des jeunes évidemment, devraient-ils ainsi être la seule profession forcée à arborer à longueur de tournées cet écriteau d’infamie, comme s’ils étaient d’office présumés conduire tous comme des marioles? A ce train-là, pourquoi les chauffeurs de taxis, les conducteurs d’autobus, les coursiers express, les livreurs de fleurs ou de journaux voire les cyclistes en Vélib’ ne devraient-ils pas être pareillement stigmatisés? Enfin, si effectivement les jeunes livreurs de pizzas conduisent à l’occasion leurs scooters de manière un peu sportive, est-ce de leur propre chef ou parce qu’ils sont soumis, outre à des salaires pas folichons, à des cadences infernales de livraison?

http://parislibre.lalibreblogs.be/a...



De : libre belgique
samedi 7 février 2009

Publié dans liberté

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