Carburants : la colère s'élargit

Publié le par jack palmer

Après les pêcheurs, agriculteurs et chauffeurs routiers protestent contre les hausses du gazole, tandis que la réponse du gouvernement se cantonne à des rustines. La même colère monte en Europe.

Au tour des agriculteurs : l’accès à un dépôt de carburant situé à Lespinasse, à une quinzaine de km au nord de Toulouse, a été bloqué mercredi matin par quelque 300 agriculteurs demandant des mesures d’urgence pour faire face à la flambée des prix du pétrole.



L’entrée du dépôt de la société Total, alimentant les stations-services dans un rayon de plus de 200 km autour de Toulouse, a été bloquée par des voitures d’agriculteurs qui ont immobilisé un camion-citerne sortant des installations. Peu avant le blocage du dépôt de carburant, ils ont distribué des tracts au péage autoroutier voisin de Saint-Jory, sur l’axe Toulouse-Bordeaux.

"Le revenu des agriculteurs est aujourd’hui largement menacé, étouffé entre une hausse générale des charges de production, aux premiers rangs desquelles les charges directes et indirectes liées à la flambée des prix du pétrole, et des prix de vente en berne pour de nombreuses filières", ont expliqué les Jeunes Agriculteurs de Midi-Pyrénées. La veille, 150 agriculteurs de l’Orne ont investi une station Total sur l’A28.

Au tour des transporteurs routiers

Le mouvement contre l’envolée des prix du gazole tend en outre à s’étendre à d’autres professions. Des ambulanciers ont ainsi bloqué mardi matin le périphérique de Caen.

Une organisation de routiers, représentant des PME françaises du secteur, menace d’engager des actions sur tout le territoire si le gouvernement ne répond pas d’ici jeudi soir" à ses revendications.

La colère monte particulièrement chez les transporteurs routiers, notamment de l’Organisation des transporteurs routiers européens (OTRE).

"Ces actions, qui seront d’abord locales et de sensibilisation, s’intensifieront jusqu’à un conflit dur si le gouvernement perdurait à faire la sourde oreille aux revendications des transporteurs", déclare-t-elle dans un communiqué.

L’OTRE précise avoir présenté lundi au secrétariat d’Etat aux Transports plusieurs demandes, dont la baisse du prix du gazole professionnel "à son niveau moyen du mois de janvier 2008" (0,98 euro HT le litre) "afin de stabiliser l’activité des PME-TPE pour 2008".

Parmi ses autres revendications, l’OTRE réclame un "versement immédiat de la ristourne TIPP" (taxe intérieure sur les produits pétroliers) du second semestre 2007 et, avec un mois d’anticipation sur les déclarations, du premier semestre 2008.

Marins-pêcheurs déterminés

Du port des ferries de Dunkerque (Nord) au dépôt pétrolier de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), les pêcheurs français ont encore mené mardi de nouvelles actions d’envergure contre le coût du gazole, encouragés par l’extension du mouvement en Europe, notamment l’Espagne, où plusieurs ports catalans sont touchés.La principale organisation patronale de la pêche, la Cepesca, a lancé un appel à une "grève illimitée" à partir de vendredi, tandis que des mots d’ordre étaient lancés en Italie et au Portugal. Un mouvement de protestation des chauffeurs routiers britanniques contre la hausse des prix du carburant s’est aussi déroulé à Londres.

La situation est notamment tendue sur les bords de la Méditerranée, où 200 pêcheurs réunis à Sète (Hérault) ont décidé de reconduire leur mouvement de grève pour une durée indéterminée.

Des pêcheurs des Bouches-du-Rhône ont tour à tour tenté de bloquer le dépôt pétrolier de Fos-sur-Mer, puis une raffinerie à La Mède, mais ont dû y renoncer devant la présence de CRS. Ils ont ensuite mené une opération-escargot en revenant vers Fos-sur-Mer, provoquant d’importants embouteillages.

A Dunkerque, l’accès au port ferry a été bloqué par des pêcheurs décidés à mener une série d’actions notamment dans des supermarchés de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais).

Le mouvement se poursuit également dans plusieurs ports importants de la façade Atlantique, comme Le Guilvinec (Finistère), Lorient ou La Rochelle. En revanche, les bateaux des ports des Pays-de-Loire ont repris la mer.

Nicolas Sarkozy, qui a vanté hier les qualités du plan gouvernemental d’aide aux pêcheurs de 310 millions d’euros, n’a pas convaincu les pêcheurs grévistes, en particulier de la base, qui expliquent ne plus avoir confiance "dans un gouvernement qui leur promet de l’aide depuis des mois sans que rien ne soit encore versé".

Publié dans Société Politique

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