Wampas « C’est drôle, plus personne ne se vante d’avoir voté Sarkozy »

Publié le par jack palmer

Rock . Avant le Casino de Paris, Didier Wampas et sa bande sortent Les Wampas sont la preuve que Dieu existe. Un album punk pur jus dans lequel ils tapent sur Universal et chantent Georges Marchais !

L’eau a coulé depuis Chauds, sales et humides, leur premier succès. Vingt ans après, les Wampas sont toujours là, lesquels sortent l’album Les Wampas sont la preuve que Dieu existe. Un titre assez extraordinaire que seuls ces allumés d’un rock sans concession pouvaient inventer. Qu’on se le dise, « punk is not dead ». S’il n’en reste qu’un, c’est bien Didier Wampas, leader du groupe, qui, avec ses potes, s’amuse aujourd’hui à taper sur Universal, alors qu’ils sont produits par Barclay, un label de la major qui voulait leur faire enregistrer un duo avec Cali pour passer à la radio. Ils chantent Il n’y a que les lâchent qui freinent, chanson dans laquelle on pourra voir une métaphore politique, I hate Switzerland ou encore, avec humour, Reviens Marchais. Technicien électricien à la RATP, Didier n’a jamais voulu devenir un professionnel de la musique. Telle est sa façon de garder sa liberté artistique. En témoigne ce nouvel album aux guitares saturées et aux voix criardes, qui ne s’embarrasse pas de ballades. Rien que du nerveux, qui risque fort de mettre le feu à la scène du Casino de Paris où ils se produiront le 30 mars.

Mêler rock et religion, n’est-ce pas sacrilège ?

Didier Wampas. En tout cas, aux États-Unis, c’est compatible. Là-bas, à l’image d’Elvis, tous les chanteurs ont appris à chanter à l’église. En France, non, parce que le pays a une histoire liée à la Révolution. C’est en passant devant la vitrine d’un libraire à côté de la maison de disques que j’ai vu un livre qui s’intitulait la Preuve de la non-existence de Dieu. Appelons-le comme on veut, mais si on est toujours là, c’est qu’il y a quelque chose. Le bonheur existe-t-il quand on nous écoute ? En tout cas, on essaie de communiquer des énergies positives avec les Wampas. On en a sacrément besoin dans le monde d’aujourd’hui.

Que vous inspire la société d’aujourd’hui ?

Didier Wampas. J’ai l’impression que les choses sont plus claires depuis l’élection de Sarkozy. Chirac, les socialistes, tout le monde faisait un peu la même politique. Au moins avec Sarko, les choses sont claires : il est de droite. Et il fait une politique de droite. En face, les gens de gauche peuvent se positionner. Je trouve cela plus sain pour la démocratie que ce qu’on a connu depuis quinze ans en France. Ça dégoûtait les gens de la politique. Aujourd’hui, c’est drôle, mais plus personne ne se vante d’avoir voté Sarkozy, comme s’il avait été élu par des fantômes. Bizarre, non ?

Politiquement, vous êtes plutôt anar ?

Didier Wampas. Je n’ai jamais été anarchiste. Mes parents ont toujours été communistes. J’ai grandi là-dedans. Ce que proposent les anars, ce n’est pas possible. Il faut quand même être pragmatique. C’est comme Besancenot. Je n’ai jamais voté pour lui, car son programme n’est pas applicable. C’est uniquement un vote protestataire. Politiquement, je me sens à gauche, bien qu’aujourd’hui on ait du mal à savoir où elle se situe. Il n’y a plus grand-chose à quoi se raccrocher pour l’instant. La gauche a besoin de se reconstruire totalement. Il faudrait quelqu’un de fort pour mener un projet. Et pour le moment, on n’a pas cette figure à gauche.

Genre comme le dit la chanson Georges Marchais ?

Didier Wampas. Marchais, c’est toute ma jeunesse. Je l’ai croisé une fois à la Fête de l’Huma quand j’étais môme. Chaque fois qu’il passait à la télé, on était content. Il est évident que c’était ça qu’il fallait, que c’était l’avenir. Aujourd’hui, évidemment, on en est un peu revenu. C’est surtout une nostalgie de mon enfance, une période où on ne se pose pas de questions, mais c’est sûr que la gauche aurait besoin de quelqu’un de fort.

Vous considérez-vous comme le dernier des punks ?

Didier Wampas. Je n’en sais rien. Quand on a commencé à faire cette musique en 1977, on avait quinze ans. Le punk était un mouvement fort musicalement, bien sûr, mais, au-delà, c’était un mouvement qui englobait tout, le style, les pochettes de disques. C’était un mode de vie. J’ai cru à cela comme beaucoup. Je continue à croire à cet idéal de liberté. Se foutre de tout, faire simplement ce qu’on a envie de faire. Si c’est ça être punk, j’y crois encore. Après, le punk est devenu un genre codifié et ça ne voulait plus rien dire. En 1977, tous les groupes étaient différents les uns des autres, entre les Jam, les Clash, les Pistols, les Stranglers, chacun avait son style. C’était simplement une énergie, un rejet de la musique qui se faisait à l’époque, celle des Genesis, des Pink Floyd. On avait juste envie de faire de la musique, même si on ne savait pas jouer, de prendre des guitares et de monter sur scène.

Votre rock est toujours aussi nerveux. Votre radicalité dérange-t-elle ?

Didier Wampas. Elle a toujours dérangé. On s’est toujours moqué des modes, ce qui fait qu’on est souvent mal vu. L’autre jour, on devait faire l’émission le Fou du roi et on a été déprogrammé. On a compris quand on a appris que Bernadette Chirac était l’invitée. Quand on passe à la télé ou à la radio, les gens ont encore peur qu’on se mette à jouer Chirac en prison ou qu’on pète les plombs. Même les radios rock, Oui FM ou le Mouv, n’osent pas nous diffuser parce que c’est trop violent ! Je suis content finalement parce qu’à partir du moment où tu rentres dans le système, tu ne peux plus te permettre grand chose. C’est pour ça que je continue de travailler à côté.

Vous pourriez pourtant vivre de votre musique…

Didier Wampas. J’ai envie d’être libre. Quand on a besoin d’argent pour vivre, on est dépendant des passages radio, des ventes de disques. À partir de là, c’est fini. Je pourrais être intermittent, mais non. Là, j’ai mon salaire à la fin du mois, le reste, c’est du bonus. S’il y a de l’argent, tant mieux, sinon, ce n’est pas grave. En fait, je m’en fous de vendre du disque.

Album Les Wampas sont la preuve que Dieu existe, Barclay-Universal. Tournée jusqu’au 27 juin, dont Casino de Paris le 30 mars, 16, rue de Clichy, 75009 Paris. Tél. : 01 49 95 99 99.

Entretien réalisé par Victor Hache

Publié dans Société Politique

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