Les États au secours de la finance et le PS aux abon-nez absents!

Publié le par jack palmer

Europe .

Alors que les Vingt-Sept se réunissent aujourd’hui, les députés UMP, MODEM, Nouveau Centre, ont approuvés, le plan controversé de sauvetage des banques de 360 milliards d’euros.

Comme pour chacune de ses réunions, le Conseil européen a été précédé par un débat, hier, à l’Assemblée nationale. Les vingt-sept chefs d’État et de gouvernement doivent en effet examiner aujourd’hui l’opportunité d’étendre à toute l’Union européenne les mesures arrêtées dans le cadre du plan d’action décidé par les pays de la zone euro, dimanche dernier. Celui-ci prévoit « près de 1 600 milliards d’euros de garanties annoncées dans les diverses capitales européennes » au bénéfice des banques, a chiffré le président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, Jean-François Copé. François Fillon s’est félicité, hier, de cette « réaction concertée des pays européens » et a annoncé « trois engagements » du gouvernement qui accompagneront la mise en oeuvre de la partie française du plan, dotée de 360 milliards d’euros pour aider les banques en difficulté.

Fillon et ses « trois engagements »

L’Assemblée nationale devait entériner ce plan, hier soir, au cours d’un collectif budgétaire d’urgence faisant suite au débat préparatoire au Conseil européen. Mais sans « se rassembler » derrière le gouvernement comme le souhaitait le premier ministre, le PS et les Verts ayant annoncé leur abstention. Seuls les députés PCF ont décidé de voter contre. En revanche, François Bayrou et le Modem ont approuvé des deux mains le plan Sarkozy. Les affaires sont les affaires… Concernant ses « trois engagements », François Fillon a tout d’abord tenu à rassurer les contribuables, en promettant de « gérer au mieux de leurs intérêts » l’argent public. Il a ainsi répété que les 360 milliards représentaient en tout état de cause un « plafond » de dépenses, calculé à partir du PIB de la France (l’Allemagne a quant à elle un plafond de 480 milliards). Une enveloppe qu’il ne sera sans doute pas nécessaire d’utiliser, selon François Fillon, puisque « la seule existence de cet outil devrait suffire à ramener la confiance ». S’il devait y être recouru, les interventions seront « temporaires et sécurisées », et les créances de l’État « remboursées au plus vite par les bénéficiaires » dès que le marché serait rétabli. Deuxième engagement, celui de « contreparties prévues par la loi ». Les banques aidées devront s’engager à utiliser les fonds obtenus vers « des prêts à l’économie française » et à des comportements « conformes à l’intérêt général » en matière de rémunération des dirigeants. « Mais nous irons plus loin : il n’est pas concevable que les banques se lancent avec ces fonds dans des stratégies d’expansion prédatrices », a dit le premier ministre, qui fait mine de découvrir ces pratiques bancaires, alors que BNP-Paribas a profité de la débâcle financière pour se lancer, il y a une semaine, dans le rachat coûteux de la banque Fortis pour près de quinze milliards d’euros, sans que le gouvernement ne trouve rien à redire. Enfin, ce plan se veut, selon François Fillon, la première étape d’une réflexion plus vaste pour « refonder le système au niveau mondial » en définissant de nouvelles « règles de supervision et de régulation ».

En réponse, Pierre Moscovici (PS) a dénoncé une « réaction tardive » et des mesures qui, si elles témoignent d’un « premier niveau de coordination » entre pays européens, n’en sont pas moins « laissées à la discrétion des États » qui fixent chacun leur plafond de garantie. « Les Français veulent que vous pensiez à eux, pas seulement aux banquiers », a déclaré le député du Doubs, invitant à « ne pas perdre de vue (…) les particuliers, les petits épargnants, les employés des PME, les retraités ». Il en a profité pour mettre en accusation la « faillite d’un système néolibéral » qui a montré sa « toxicité » et que « nous devons changer ». Mais sur le fond les socialistes n’ont pas grand-chose à redire sur le plan, sinon qu’il est insuffisant. Leur abstention entend ainsi « approuver le plan technique » arrêté par l’eurogroupe, « mais pas votre politique », a répliqué Pierre Moscovici à Jean-François Copé qui raillait cette position. « Cette décision m’a consterné, vous êtes d’accord avec la droite mais vous ne voulez pas voter avec elle », a dénoncé le chef de file de l’UMP au Parlement.

PCF : « une prime aux prédateurs »

Seuls les députés communistes et républicains incarnent donc l’opposition à la stratégie gouvernementale de venir en aide au capitalisme en faillite, en annonçant qu’ils « voteront contre le collectif budgétaire » à l’Assemblée nationale. « La solution préconisée par le gouvernement (…) procure une prime à tous les prédateurs qui se sont servis sur l’économie réelle », ont-ils expliqué. Pour eux, « les contribuables paieront la note », du fait « des coupes claires effectuées dans tous les budgets sociaux » et « des suppressions massives d’emplois auxquelles il est et sera procédé pour relancer la sphère financière ». À l’inverse, ils pointent « l’urgence de réorienter l’argent pour satisfaire les besoins humains et non plus la spéculation », en se dotant d’« un pôle financier public qui permettra la relance de l’économie réelle fondée sur la production de richesses ».

Sébastien Crépel

Publié dans Société Politique

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