Premier Mai : 72 % des Français d'accord !

Publié le par jack palmer

Photo deckwal/phototheque.org
Mouvement social. Notre sondage exclusif CSA à paraître dans l’Humanité de jeudi montre que l’opinion soutient de plus en plus les initiatives de l’intersyndicale et sa plate-forme revendicative.

Avant même que ne s’ébranlent les 280 défilés revendicatifs du 1er Mai, l’intersyndicale pourra se targuer d’avoir gagné la sympathie de l’opinion pour ses initiatives. Le sondage CSA commandé par l’Humanité est sans appel. À 72 %, les Français soutiennent ou éprouvent de la sympathie à l’égard de la mobilisation du 1er Mai. Ils ne sont que 9 % à s’y déclarer hostiles ou opposés. Ils étaient 62 % à soutenir ou exprimer de la sympathie pour la journée du 19 mars, 69 % pour le 29 janvier. Pour retrouver un même niveau d’adhésion de l’opinion à un mouvement social, il faut remonter à l’année 2002. Le sondage montre que toutes les générations et toutes les catégories de la population éprouvent de la sympathie ou soutiennent cette journée de mobilisation.

Contre les mesures Sarkozy

Du 29 janvier au 19 mars et à aujourd’hui, c’est indiscutablement un mouvement montant de l’opinion auquel on assiste, au fur et à mesure que monte la mobilisation dans la rue. « Nous sommes dans la construction d’un rapport de forces pour obtenir d’autres choix économiques et politiques, d’autres réponses à la crise, expliquait Maryse Dumas, secrétaire de la CGT, dans un entretien à la NVO la semaine dernière. Chaque initiative nationale de mobilisation permet ainsi de rassembler des forces, de les exprimer, de les conforter en quelque sorte par le caractère énorme des manifestations. (…) Et à chaque fois, ça place le gouvernement et le patronat devant la nécessité d’apporter de nouvelles réponses. » Le phénomène est d’autant plus marquant que le sondage de l’Humanité montre que la sympathie croissante de l’opinion à l’égard des manifestations se fonde sur une adhésion explicite au contenu des propositions avancées par les syndicats. Les sondés souhaitent, comme les organisations syndicales, que les aides aux entreprises soient conditionnées au maintien de l’emploi (90 %), qu’on développe le logement social (89 %), que le partage des richesses soit profondément rééquilibré au profit des salaires et des investissements, et au détriment des actionnaires (85 %). Ils souhaitent une véritable réglementation de la sphère financière internationale et notamment la lutte contre les paradis fiscaux et l’encadrement des capitaux (77 %). À 53 %, ils s’opposent enfin à l’une des mesures emblématiques des réformes sarkozystes, la suppression des 30 000 emplois dans la fonction publique.

Un divorce avec l’opinion

Or faire droit à ces exigences prendrait non seulement à contre-pied le fond même de la politique des « réformes » de Nicolas Sarkozy, mais aussi tout ce que le gouvernement, le président de la République et le patronat avancent depuis des mois pour faire face à la crise. Les précautions de langage, les envolées véhémentes contre les excès du capitalisme financier, les postures volontaristes de moralisateurs du système ne peuvent masquer que l’essentiel des mesures prises face à la crise consiste à conforter le capital. Que les mannes de l’argent public sont largement ouvertes aux entreprises et aux banques tandis que la portion congrue est concédée aux salariés et à ceux qui souffrent. Que ce soit pour le fonds d’investissement social (fiso) ou pour l’emploi des jeunes, les dernières mesures gouvernementales consistent, pour l’essentiel, à apporter, sans véritable contrepartie, une aide massive d’argent public aux entreprises. Cette orientation est d’ailleurs ouvertement revendiquée.

Le médiatique économiste Nicolas Bavarez, très proche de Nicolas Sarkozy, écrit dans un article du Monde de mardi, titré « Remobiliser le capital », que « le capital est indispensable au développement, seul à même de réduire les inégalités entre les hommes et les nations ». Il en tire comme conséquence que « la priorité doit être donnée à la relance des marchés financiers, d’abord par la titrisation, pivot de l’apurement du bilan des institutions financières et des banques centrales ». Recréer les « subprimes » pour sortir de la crise, il fallait l’inventer !

Au moment où l’UMP et le président de la République lancent la campagne des élections européenne en s’arc-boutant sur les réformes engagées et leur bilan, au moment où le gouvernement durcit le ton en remettant en chantier le projet de loi sur le travail du dimanche ou en refusant tout coup de pouce au SMIC, le sondage de l’Humanité montre qu’ils sont en opposition avec une majorité de l’opinion sur les grands axes de leur politique.

Reste que si le mouvement d’opinion pour d’autres choix économiques et politiques s’affirme, il n’est visiblement pas encore suffisamment puissant pour faire valoir ses exigences. C’est pourquoi le nombre de manifestants pèsera lourd, demain. De même que la capacité des syndicats à continuer, après le 1er Mai, à donner, dans l’unité, des perspectives pour que le monde du travail se fasse entendre.

Olivier Mayer


Publié dans Plan de relance du PCF

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