29 janvier, 19 mars : un nouveau rôle pour le syndicalisme ?

Publié le par jack palmer

Table ronde avec :

Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU ;

Agnès Naton, secrétaire confédérale de la CGT ;

Michel Vakaloulis, maître de conférences en sciences politiques à Paris VIII.

Dans la crise, face à la droite et au patronat, les syndicats sont en première ligne. N’y gagnent-ils pas un regard plus positif de la société ?

Gérard Aschieri. Cela fait quelque temps déjà que l’on perçoit des signes de confiance dans le syndicalisme. Les enquêtes d’opinion montrent que les revendications syndicales sont souvent très largement approuvées. Cela vient d’être encore le cas le 29 janvier. Ce qui est nouveau, c’est le ras-le-bol, la défiance vis-àvis des politiques conduites par Nicolas Sarkozy et son gouvernement. Le mouvement syndical rencontre une attente, très largement partagée dans la société, d’alternative aux politiques mises en oeuvre.

Agnès Naton. La confiance dans le syndicalisme change de nature. Jusqu’à présent, il était considéré comme le dernier rempart, on lui déléguait le soin de s’occuper des affaires des salariés. Avec cette crise, l’insécurité sociale, la marchandisation des droits fondamentaux deviennent insupportables. Les salariés sont menacés dans leur emploi, leur travail n’est pas reconnu. Ils sentent qu’on touche à l’essentiel. La conscience grandit qu’ils doivent eux aussi agir. D’autant plus qu’on leur explique que cela ne les regarde pas. Le 29 janvier, certains ont fait grève pour la première fois. Ils ont voulu aussi participer à la manifestation, être visibles. Quelque chose de profond est en train de bouger, une exigence de réponses concrètes, de démocratie et un engagement nouveau qui se traduit par un courant de syndicalisation, notamment dans les petites entreprises et dans des secteurs où la CGT, pour ce qui la concerne, n’était pas très implantée comme le commerce et les services, le socioculturel, l’action sociale.

Michel Vakaloulis. Il existe deux phénomènes. L’un de longue haleine, structurel, l’autre de conjoncture, qui risque aussi de durer un certain temps. Pour ce qui est du premier, les salariés ressentent le besoin d’une présence syndicale sur le terrain et sur les grands dossiers nationaux qui impactent le rapport salarial. Avec pourtant une grande interrogation : ce pouvoir syndical a-t-il une efficacité réelle, non seulement dans une logique défensive mais dans une logique positive de reconquête sociale ? Lutter est-il payant finalement ? Une série de mobilisations ont été vécues comme des échecs relatifs par une partie de ceux et celles qui s’étaient mobilisés. Deuxième phénomène, la crise est un accélérateur de prise de conscience. Ce que les syndicalistes disaient depuis longtemps devient le sens commun de Monsieur Tout-le- Monde, à tel point que certains discours dans la sphère du pouvoir prennent des accents anticapitalistes – évidemment, ils ne visent que certains « excès » sans s’attaquer au système. C’est dans la conjonction de ces deux facteurs, le structurel et le conjoncturel, que s’explique l’assentiment de l’opinion publique à l’égard des mobilisations. Le syndicalisme donne l’impression d’être en train de se réapproprier des éléments du débat économique qui lui échappaient jusqu’ici. L’enjeu pour lui est de conforter l’idée qu’on peut concevoir un autre programme de sortie de la crise, qu’on peut passer de la logique du dernier rempart à celle de la première ligne.

Gérard Aschieri. Est-ce que l’action syndicale est payante ? Nous n’avons jamais, ou rarement, des succès complets, ce qui fait que nous avons souvent la tentation – c’est régulièrement un débat dans mon syndicat et cela doit être le cas plus largement – de minorer le résultat. C’est une erreur. Montrer que les luttes font bouger les choses contribue à renforcer la dynamique d’action. C’est vrai pour le report de la réforme des lycées, même si on sait que les projets sont toujours là. C’est vrai pour la lutte dans les DOM alors que l’objectif des 200 euros n’était pas facile. C’est vrai, même s’il faut être prudent parce qu’il y a beaucoup de manoeuvres, à l’université où le gouvernement est contraint à certains reculs.

Est-ce que cette situation nouvelle, qui se traduit dans les mobilisations, pose la question de l’unité dans d’autres termes ?

Gérard Aschieri. La demande d’unité est évidente. La force du 29, celle prévisible du 19, est dans le fait que l’unité existe. Mais, ce qui est extrêmement intéressant, c’est qu’on a franchi un stade. L’unité ne se fait plus seulement « contre ». Pour la première fois depuis longtemps, elle s’est construite en termes de propositions. Les formules ne sont pas toujours très précises, on en est souvent encore aux principes généraux mais c’est très porteur.

Michel Vakaloulis. On n’est jamais à l’abri de reculs dans ce domaine…

Gérard Aschieri. C’est vrai. Toujours est-il que cette unité correspond à une attente. Et je me risque à dire que si le syndicalisme n’a pas, dans l’opinion, le discrédit que le politique peut avoir, c’est peut-être, entre autres, à cause de cela.

Agnès Naton. L’unité a toujours été plébiscitée par les salariés parce qu’elle est la voie de l’efficacité. Aujourd’hui le syndicalisme apparaît rassemblé avec une plate-forme revendicative unitaire qui porte sur des alternatives. Depuis le 29 janvier, je ressens dans les mobilisations l’expression d’une grande maturité. Consciemment ou intuitivement, s’impose l’idée que le bonheur des uns ne peut se faire au détriment de celui des autres, dans une concurrence exacerbée au sein du monde du travail. Et les salariés tendent à devenir des acteurs de la transformation et à intervenir là où ils sont, en convergence avec d’autres professions, d’autres territoires sur cet objectif commun. Il y a encore peu de temps, tous ces mouvements à répétition auraient été considérés comme une addition peu efficace. Aujourd’hui, ils donnent le sentiment de s’épauler les uns les autres.

Michel Vakaloulis. L’unité d’action est un élément constitutif du rapport de forces, un multiplicateur de l’efficacité, de la visibilité. Elle donne la possibilité au syndicalisme d’être un élément de pouvoir social. L’unité d’action, dans la conjoncture immédiate, peut permettre, à travers la confrontation des points de vue, d’ouvrir certaines boîtes noires : une autre politique économique est-elle possible ? Y a-t-il une alternative aux politiques managériales dominantes basées sur la compression de la masse salariale ? Le syndicalisme a beaucoup à faire pour accréditer l’idée qu’une autre entreprise, une autre école, une autre régulation de la société sont possibles. Enfin, à moyen et à long terme, la question de l’unité syndicale dépasse celle de l’unité d’action syndicale. La loi sur la représentativité ouvre la voie à des recompositions institutionnelles. Certains syndicats risquent de disparaître ou de se regrouper pour survivre en cartel. Peutêtre passera-t-on d’une fragmentation excessive du champ syndical à son oligopolisation, comme disent les économistes.

De différents secteurs de la société, souvent peu familiers de l’action syndicale, émanent des appels à la mobilisation. Ils se multiplient dans la dernière période. On pense notamment à l’Appel des appels. Ils ne sont pas dans le champ syndical mais ne se situent pas non plus en opposition. Comment les percevez-vous ?

Agnès Naton. La question d’une alternative économique, sociale, environnementale est ouverte. Jusqu’à présent syndicalistes, associatifs, politiques, universitaires, intellectuels exprimaient différentes positions et propositions. Même si les points de vue convergeaient par moments, cela ne faisait pas une unité pour autant. Aujourd’hui les choses sont différentes. La plate-forme revendicative unitaire a fait bouger les lignes. Sans gommer les différences, elle apparaît dans l’opinion publique comme une contribution à l’élaboration de nouveaux choix pour sortir de la crise. La position commune sur le projet de loi Bachelot, « hôpital, patients, santé et territoires », par exemple, élaborée par la mutualité et le monde syndical, n’était pas envisageable il y a quelques mois. L’Appel des appels est aussi un exemple de ces convergences qui se cherchent. Aujourd’hui, sous diverses formes, la démonstration est faite que ce système, qui a sacrifié le travail salarié, le social depuis vingt-cinq ans, est à bout de souffle, qu’un nouveau type de développement est un impératif. Le syndicalisme peut être un pouvoir, mais il est aussi et surtout un outil au service des salariés pour qu’ils se réapproprient la capacité d’agir, de gagner des droits, de vivre de leur travail, de se projeter dans l’avenir.

Gérard Aschieri. Je regarde ce phénomène, cette multiplication d’appels avec intérêt et interrogation. Il me paraît évident que c’est le signe d’un rejet assez profond, dans diverses couches de la société, mais en particulier dans les milieux intellectuels, des politiques menées. La conception à court terme de l’efficacité, de la rentabilité est totalement contraire à ce que nécessitent le travail intellectuel de la recherche et le travail sur l’humain qui est le propre de l’éducation, de la psychiatrie, de la médecine. La politique de Nicolas Sarkozy, heurtant de front toutes les valeurs fondamentales inhérentes à ces métiers, a donc provoqué ce rejet. Le fait que ces appels ne se prétendent pas concurrents du mouvement syndical est très positif. C’est d’autant plus important que personne n’est propriétaire à lui seul de la construction de l’alternative, qu’on a besoin d’échanger des points de vue différents à partir de positionnements professionnels différents ou d’engagements de nature différente : syndical, politique, associatif, etc. Pourquoi suis-je un peu interrogatif  ? Quand je regarde l’histoire récente et le rapport des intellectuels au mouvement syndical, je vois 1995 : le refus de la réforme Juppé de protection sociale, un mouvement extrêmement puissant et un engagement assez explicite d’une partie des intellectuels, notamment autour de Bourdieu, en soutien intellectuel et théorique à ce mouvement. C’est dans ce prolongement que s’est créé ATTAC. Dans les années qui ont suivi, cet engagement des intellectuels a faibli ou n’a pas eu la même visibilité. Prenons 2003, sur les retraites, il ne s’est rien dit. Même lors du conflit du CPE, on ne les a pas beaucoup entendus. Ce retour des intellectuels aujourd’hui est positif, mais je ne suis pas certain que l’engagement soit de même nature qu’en 1995. Le titre, l’Appel des appels, par exemple, me semble être une maladresse. Je vois bien que la formule est intéressante d’un point de vue journalistique. Mais elle donne le sentiment d’une superstructure. Or on n’a pas besoin qu’il y ait des gens au-dessus des autres, on a besoin de dialoguer et de construire à partir de points de vue différents.

Cela peut exprimer l’idée de se rassembler, et non d’être au-dessus.

Gérard Aschieri. Il y a l’idée de rassembler une multiplicité d’appels partiels et de les faire converger, c’est pour cela que c’est sympathique et intéressant. Mais il faut faire attention à la posture malgré tout.

Michel Vakaloulis. Il est incontestable que, dans de nombreux secteurs, de nouveaux acteurs entrent en lutte. Ils ne sont pas des « entrepreneurs moraux » de causes qui les dépasseraient. Ils se mobilisent à partir de logiques identitaires, professionnelles parce qu’ils sont attaqués dans ce qui fait la substance de leur métier, de leur existence sociale, de leur devenir professionnel. Les chercheurs voient dans la réforme proposée une tentative de caporalisation, d’administration de leurs recherches, une logique de temporalité qui rabat le moyen et le long terme sur le court terme, une logique quantitative – combien de publications ? – qui n’a rien à voir avec la logique de la découverte ou de l’enquête scientifique. Le gouvernement fait ainsi preuve d’ignorance et de mépris à l’égard de leur identité professionnelle, de leurs conditions de travail. Cette remobilisation élargit l’espace contestataire. On voit apparaître des transversalités, des coordinations, des activismes pétitionnaires qu’il ne faut pas opposer au syndicalisme traditionnel Ces mouvements font sortir de la routine en actant d’autres formes de publicisation, d’organisation. C’est une chance pour le syndicalisme qui peut se ressourcer, se renforcer, se dynamiser en revisitant son identité dans le dialogue, la mise en réseau, la confrontation. Enfin, on discerne dans ce mouvement polymorphe des prémices d’une certaine politisation, même si celle-ci ne conduit pas ipso facto à une adhésion partisane ou syndicale.

Gérard Aschieri. Je suis d’accord, y compris sur ce que vient de dire Michel. L’unité n’est pas un chemin bordé de pétales de roses, au contraire. L’élément nouveau, c’est la conscience partagée par la plupart des responsables syndicaux que la crise nous place en face d’enjeux considérables pour la société. C’est ce qui explique la relative longévité de cette union constituée depuis décembre. Quand on regarde l’histoire syndicale française, surtout au plan interprofessionnel, c’est une rareté.

Agnès Naton. Certains ont misé sur la disparition ou l’affaiblissement programmé du syndicalisme en raison de son éparpillement et de la faiblesse du taux de syndicalisation. Aujourd’hui, nous vivons un engagement unitaire historique, une multiplicité d’initiatives et, je le souligne, un courant de syndicalisation qui valide la confiance dans le syndicalisme. Cela crée les conditions de sa transformation et de l’émergence de solutions à la crise. Nous sommes à un moment de cristallisation du rapport capital-travail. Le conflit dans les DOM le montre. La répartition des richesses, des fruits du travail, est au coeur de la crise et de son issue. C’est bien la question de la centralité du travail qui est posée, de sa reconnaissance, de sa finalité, de sa rémunération. Les ouvriers de Renault tout comme les enseignants vivent cette sensation du travail confisqué, réduit à sa valeur marchande.

Gérard Aschieri. Le contenu même du travail est nié au nom de la valeur travail. C’est une conception très négative, très archaïque du travail, ramené à une quantification horaire.

Le point de vue syndical est, davantage que précédemment, semble-t-il, pensé en lien avec les questions de société : la mobilisation pour l’emploi dans l’automobile se conjugue avec celle pour la voiture propre ; en Guadeloupe, la revendication des 200 euros va de pair avec la critique de la surconsommation. Quelle analyse faites-vous de cet élargissement ?

Gérard Aschieri. Ce n’est pas tout à fait une nouveauté. Peut-être que ce qui est nouveau, c’est la manière dont les revendications syndicales sont perçues par l’ensemble de la société. Et nous revenons à ce que nous disions au début, il est vrai qu’elles sont de plus en plus perçues comme répondant à l’intérêt général ou y répondant mieux que la politique gouvernementale.

Agnès Naton. Les revendications exprimées répondent à l’aspiration à la justice, à la dignité, à des valeurs, on l’a vu dans les DOM. Celles sur les salaires, les conditions de travail articulent le je et le nous. Elles posent les questions de la place de l’individu, de la réponse à ses besoins en même temps que les questions de l’intérêt général, de ce qui donne du sens à une société.

Gérard Aschieri. Il y a quelques jours, l’Humanité a publié un reportage sur les salariés de Lapeyre à Aubervilliers, en grève pour leurs salaires. L’un d’eux disait : avec les conditions de rémunérations qu’on a – on leur a supprimé leurs primes régulières pour leur donner des primes d’efficacité –, on nous oblige à racketter les clients. J’ai été très frappé par cette réflexion. Ce salarié s’insurge contre le fait que son travail dans l’entreprise est transformé en sa défaveur mais aussi en défaveur des clients à qui il est contraint de vendre n’importe quoi pour regagner la part de salaire qu’on lui a enlevée. Cela correspond à la manière dont est souvent perçue la conception du travail imposée par le patronat et la politique gouvernementale. Dans la fonction publique on veut développer l’intéressement collectif lié à l’efficacité. Mais qu’est-ce que l’efficacité dans la fonction publique ? La prime en fonction du résultat va obliger les agents, s’ils veulent gagner de l’argent, à se concentrer sur quelques critères mesurables au détriment de ce qui est de plus en plus indispensable dans tous les services publics : une intervention et une efficacité globales.

Michel Vakaloulis. Les revendications « matérialistes  » vont beaucoup plus loin que les simples revendications économiques d’autrefois. Elles témoignent de l’aspiration à défendre la cohésion d’une société basée sur la solidarité et non sur la mise en concurrence sauvage. La question du salaire n’est pas seulement liée à l’augmentation du pouvoir d’achat. Pour tous les salariés, a fortiori pour les jeunes diplômés, elle renvoie à la reconnaissance sociale de l’investissement personnel dans l’entreprise. Elle renvoie à une logique bio-politique au sens de Michel Foucault, c’està- dire liée à la valorisation identitaire, à la possibilité de se projeter sur des cycles de vie. Alors que, au début de la décennie 1990, les théories de la fin du travail et un discours euphorisant sur les nouveaux mouvements sociaux renvoyaient le syndicalisme à une image vieillotte, la crise remet à l’ordre du jour la centralité du travail et conforte la modernité indépassable du syndicalisme. Ce dernier est attendu sur sa capacité à se projeter dans l’avenir sur une autre logique de régulation sociale.

Gérard Aschieri. Je partage cette analyse. Je me rappelle tous ces intellectuels qui, pendant le conflit du CPE, disaient : nous, quand nous étions jeunes, nous voulions la liberté et, là, qu’est-ce qu’ils veulent ? Un emploi stable. Mais c’était totalement ignorer ce que signifie le travail, l’emploi par rapport à la vie, au projet personnel. Et comment c’est un élément de la liberté individuelle que d’avoir un certain nombre de garanties. Les jeunes, eux, l’avaient instinctivement perçu.

Nous avons déjà approché le sujet au cours du débat. Comment voyez-vous le rapport entre politique et syndicalisme aujourd’hui ?

Gérard Aschieri. Les mouvements que nous connaissons aujourd’hui ont un aspect politique en ceci qu’ils sont fondés sur le refus de l’idée qu’une fois qu’on a voté, il n’y a plus qu’à appliquer. Cela ne marche plus en raison de la crise, mais aussi parce que la démocratie se construit de manière continue. Ensuite, ces mouvements posent des questions politiques, au sens noble du terme. Quelle construction de la société ? Ce n’est pas nouveau, mais cela apparaît maintenant plus évident. C’est le rôle du syndicalisme, à sa place, à partir de son point de vue qui n’est pas celui du politique, d’être dans ce débat et de ne pas se cantonner, comme certains le voudraient, à des questions corporatistes. Enfin, le rapport de subordination du syndical au politique, ou inversement, est derrière nous, peut-être un peu trop. Je veux dire par là qu’il y a une noblesse de l’action politique. Que le syndicalisme n’a pas à ignorer le politique, qu’il a à débattre avec lui sur un pied d’égalité. Mais nous sommes dans une situation où, de ce point de vue, les choses avancent. Agnès Naton. Je partage ce que Gérard vient de dire. La place de l’individu et son rapport au collectif ont beaucoup changé. Effectivement, il n’y a plus de chèque en blanc, pas plus au niveau politique que syndical. Cela commence à se traduire dans l’engagement, le processus d’action avec des exigences qu’au niveau politique on n’a certainement pas encore totalement saisies (au niveau syndical aussi on est loin d’avoir tout saisi !). Nous avons besoin de débattre chacun à notre place, dans le respect de l’identité de chacun, et nous avons besoin de nous réapprendre la juste place des uns et des autres pour mieux répondre aux attentes et aux exigences du monde du travail et des citoyens.

Michel Vakaloulis. Dans les années 1960 et 1970, on était dans le schéma traditionnel : à la base l’associatif, au-dessus le syndical, et le politique surplombait le tout. Le syndicalisme sous-traitait les questions politiques en les renvoyant aux élections. Ce schéma a été mis en cause progressivement et suivi d’une phase de conquête de l’autonomie. Face à l’effondrement du PCF, des militants de la CGT (ou de la FSU) qui avaient une double casquette ont fait le choix de « transferts militants » dans le syndicat. Et la meilleure façon de prouver qu’on était indépendants et autonomes, c’était de ne plus se parler, de s’ignorer mutuellement. Nous sommes actuellement dans une troisième phase marquée par le constat que la faille du politique mine de l’intérieur l’efficacité du syndicalisme, la possibilité pour les mouvements sociaux de marquer des victoires. Mais l’offre politique existante ne pousse pas à aller plus loin, non pas pour faire des jeux de substitution mais pour assumer chacun son propre rôle. Agnès Naton. Nous avons beaucoup parlé du travail. Nous avons tout à gagner dans un échange à égalité avec le politique pour ensemble nous réapproprier cette question centrale du travail humain et ce en quoi il est un des champs majeurs du développement d’une société solidaire.

Gérard Aschieri. Nicolas Sarkozy aussi parle du travail. Mais, contrairement à lui, nous ne le réduisons pas aux normes horaires et de rémunération. Nous avons une approche qualitative du travail comme élément structurant de la société et de la vie.

Table ronde réalisée par Jacqueline Sellem

Publié dans Plan de relance du PCF

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