Gaza : Non à l’amalgame !

Publié le par jack palmer

Par Claudie Bassi-Lederman, universitaire, et Roland Wlos, ancien conseiller de Paris.

Nous avons été consternés par les propos tenus il y a quelques jours sur RFI par Richard Prasquier, président du Conseil représentatif des institutions juives de France, à propos de la participation du Parti communiste français aux manifestations condamnant l’acharnement destructeur et inhumain de l’armée israélienne, exigeant un cessez-le-feu à Gaza et exprimant notre solidarité avec le peuple martyr palestinien. Bien loin, comme ose le suggérer monsieur Prasquier, de « défendre un mouvement qui est reconnu comme un mouvement terroriste », le sens de notre participation, en tant que citoyens français, communistes, juifs, n’a rien à voir avec ce que proclament les islamistes radicaux. Cela n’a rien à voir non plus avec un quelconque soutien au terrorisme ni avec la moindre mansuétude envers l’intégrisme.

Notre action ne souffre aucune ambiguïté. Nous sommes ulcérés de voir autant d’enfants, de civils innocents, de vieillards tués. La désolation et le champ de ruines de Gaza maintenant que les armes se sont tues nous affligent. Cela ne signifie pas pour autant que nous approuvions les tirs des Kassam ou que nous renvoyions dos à dos l’État d’Israël et les Palestiniens. On ne peut ignorer que le gouvernement israélien n’a appliqué aucune des résolutions de l’ONU (plus d’une soixantaine).

Avraham Burg, ancien président de la Knesset, a écrit :

« Et il reste encore beaucoup à dire sur les barrages militaires, les mauvais traitements, les coups, les confiscations de maisons et de biens, le vol des terres, les mesures administratives qui brisent des familles entières, la violence des fanatiques, la capitulation de l’armée face aux bandes de colons et l’aspiration perpétuelle à la force (…), le mépris pour la vie de nos voisins » (1).

Bertolt Brecht disait : « On parle de la violence du torrent mais on ne dit mot de la violence des rives qui l’enserrent. » Les propos de Richard Prasquier peuvent laisser entendre que la condamnation de la politique israélienne s’apparenterait à de l’antisémitisme. Rien dans l’histoire de notre parti n’autorise de tels propos. Notre parti n’a jamais cautionné l’antisémitisme, le racisme, en France et partout comme dans l’ex-URSS et dans les pays se réclamant du socialisme. Pour les communistes, l’antisémitisme et le racisme ne constituent pas des opinions mais des délits, ainsi que l’affirme la législation de notre pays, et l’incitation à la haine raciale constitue une infraction plus grave encore. En outre M. Prasquier connaît le rôle de premier plan joué par deux communistes juifs, Adam Rayski et Charles Lederman, dans la création du CRIF pendant les années de feu et de sang de la Seconde Guerre mondiale.

Rappelons ce que disait Jean Kahn, président du consistoire israélite de France à propos de l’engagement de juifs dans le PCF : « En réalité, c’est un humanisme juif millénaire qui les incitait à lutter contre l’injustice, une servitude dont ils avaient l’expérience inoubliable. » C’est dans cette fidélité qu’aujourd’hui nous affirmons notre message de paix pour cette région. Il ne peut y avoir de solution militaire. Une paix juste et durable passe par la reconnaissance des droits nationaux des Palestiniens, ce qui implique un État libre et viable sur la base des résolutions de l’ONU et le droit à la sécurité d’Israël.

Les murs, quels qu’ils soient, n’ont jamais garanti la sécurité. Ils étouffent aussi ceux qui se croient protégés.

La sécurité ne peut être assurée que dans le cadre d’autres rapports et du respect mutuel, comme le précise Théo Klein, ancien président du CRIF, « le gouvernement d’Israël brise un avenir qu’il prétend défendre. On ne casse pas un peuple arc-bouté à sa terre. Il faut chercher à le comprendre et à le respecter… » Il ajoute : « Seuls la parole, le dialogue, la reconnaissance mutuelle peuvent sauver l’avenir de ces deux peuples… » (2).

Il est indispensable de faire respecter le droit international dans son intégralité, cela passe aussi par le jugement des crimes de guerre qui ne doivent pas rester impunis. Il ne peut y avoir de paix sans justice. Les négociations doivent reprendre et aboutir à la sécurité pour les deux peuples.

(1) Vaincre Hitler, Éditions Fayard.

(2) Petit Traité d’éthique et de belle humeur Éditions Liana Levi.

Publié dans Palestine

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